Mimiques
« Aïe, mets-toi à ma place ! »
Cette phrase, qui ne l’a pas entendue, et qui n’a pas eu un jour envie de la prononcer. Elle est un appel à reconnaître ma souffrance. Que je fasse la grimace et que mes yeux soient pleins de larmes ne suffit donc pas à prouver ma souffrance à mon interlocuteur ? Pas toujours, justement.
Les enfants atteints d’un trouble du spectre autistique (TSA) ne présentent pas cette capacité avec la même intensité ni selon les mêmes modalités que ceux qui en sont indemnes.
Mais un enfant peut perdre aussi la capacité d’identifier les mimiques sous l’effet de maltraitances1. Pour lui, toutes les mimiques se réduisent à deux catégories seulement : celles qui sont explicitement rassurantes, et celles qui sont indécises, qui lui font craindre le pire… Un tel enfant peut alors se sentir menacé par un autre enfant qui à l’air anxieux, ou triste, et décider de l’attaquer.
Enfin, certains enfants qui ont consommé en grande quantité la télévision dans leurs jeunes années peuvent avoir eu de la difficulté à constituer la reconnaissance des émotions associées aux diverses mimiques : dans les dessins animés qui sont présentés, l’enfant voit défiler très vite de très nombreuses mimiques, il les reproduit sur son propre visage par un mécanisme mimétique inné, mais les situations ne sont pas suffisamment explicitées pour que ces mimiques reçoivent pour lui une signification claire. Il s’agit plus chez eux de faire fonctionner les muscles de leurs visages que de produire des mimiques véritablement signifiantes. Le sens fait défaut.
Pour toutes ces raisons, l’Education Nationale a intégré dans les derniers programmes parus au quatrième trimestre 2015 la reconnaissance des mimiques comme un élément important à cultiver chez les jeunes enfants. C’est en effet un élément clé de l’empathie émotionnelle. Mais celle-ci doit être complétée par l’empathie cognitive afin d’assurer une empathie mature complète.
1 Ardizzi M., Martini F., Umiltà M. A., Sestito M., Ravera R., Gallese V., « When Early Experiences Build a Wall to Others’ Emotions: An Electrophysiological and Autonomic Study », PLOS ONE, April 10, 2013.
Les mimiques dans le J3F
Il est souvent difficile aux enfants d’adapter les mimiques correspondantes aux émotions des personnages qu’ils jouent. En revanche, il est possible de consacrer aux mimiques un temps spécifique au début de chaque séance de jeu, qui constitue comme un rituel d’introduction.
Pendant quelques minutes, l’enseignant invite les enfants à mimer avec leurs visages des émotions simples. En maternelle, l’enseignant nomme une mimique de base, comme la joie, la peur, la colère, la tristesse et l’inquiétude, et il invite les enfants à la mimer. Chaque enfant est renforcée dans sa représentation de la mimique par ce qu’il voit de ses camarades en train de la réaliser.
Lorsque les enfants présentent des difficultés dans la reconnaissance des mimiques, il est possible aussi à l’enseignant de s’aider de pictogrammes illustrant les principales émotions. On en trouve beaucoup sur Internet.
Pour les enfants plus grands, il est possible de demander à ceux qui le souhaitent d’adopter une mimique sur leur visage que les autres doivent identifier d’abord et imiter ensuite.