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Le jeu des trois figures

Historique

A suivre :
Empathie
Maintenant je ne me laisse plus faire, quand on me fait du mal, je le dis !
Samantha, 7 ans
2006 : le « plan B des maternelles »
2007-2008 : l’évaluation
2010 : l’élargissement à l’éducation spécialisée et aux collèges

2006 : le « plan B des maternelles »

« À la fin de l’année 2005, l’INSERM a rendu un rapport préoccupant sur les violences en milieu scolaire. La solution proposée passait notamment par un repérage des comportements violents dès la crèche et l’école maternelle. Cette conclusion a soulevé des réactions très négatives parmi les professionnels de l’enfance, en raison du risque de stigmatiser certains enfants à un âge où les comportements ne sont pas encore stabilisés. Le collectif de praticiens Pas de zéro de conduite pour les moins de trois ans est né dans ce contexte.

Mais condamner la solution proposée à un problème ne doit pas faire ignorer le problème ! J’ai donc réfléchi à un moyen permettant de réduire la violence en milieu scolaire en me fixant trois priorités : ne stigmatiser aucun enfant ; pouvoir aider ceux qui ont tendance à se laisser agresser sans protester autant que de ceux qui agressent sans raison, car les uns et les autres sont aussi préoccupants ; et pouvoir être pratiqué par les enseignants eux-mêmes. C’est ainsi que j’ai imaginé l’activité théâtrale que j’ai nommé Jeu des Trois Figures, comme une réponse aux propositions du rapport de l’Inserm, en quelque sorte un « plan B » des maternelles. Ce projet s’est précisé ensuite grâce à mes travaux sur l’empathie, notamment mon ouvrage paru en 2010 : L’Empathie, au cœur du jeu social (Albin Michel).

Depuis, d’autres avantages du Jeu des Trois Figures ont été pointés par ses utilisateurs, notamment la lutte contre les stéréotypes de genre, l’apprentissage de la langue française chez les élèves non francophones, la reconnaissance des émotions et le développement des capacités narratives. Ce qui n’est guère étonnant puisque toutes ces capacités ont un lien avec l’empathie !

La violence et le harcèlement sont des problèmes terribles et il n’y aura évidemment jamais une solution unique. Mais le J3F montre que même à un jeune âge, l’empathie est l’un des meilleurs outils que nous avons pour construire ensemble un monde plus serein. »

2007-2008 : l’évaluation

L’’efficacité du J3F a été évaluée en 2007-2008 par une recherche-action menée dans 6 classes, grâce à un financement de la Fondation de France (Tisseron S. (2010) Prévention de la violence par le « Jeu des Trois Figures », Devenir, Volume 22, Numéro 1, 2010, pp. 73-93).

La mise en place du J3F est encouragée par la Direction générale de l’Enseignement scolaire (DGESCO), et par l’Académie des sciences dans son Avis du 23 janvier 2013 « L’Enfant et les écrans » (Editions Le Pommier).

a) Méthodologie

Pendant une année scolaire, 6 classes de maternelle appartenant à trois écoles (écoles maternelles Saint-Pierre à Paris (75), Langevin à Argenteuil (95) et René Coty à Gonesse (95)) ont participé à une recherche-action rendue possible grâce au soutien de la Fondation de France. Dans chacune des écoles, une classe a bénéficié du J3F chaque semaine pendant une année, et une autre, dite classe « témoin », n’en a pas bénéficié. Un test projectif – un « Patte Noire » simplifié – a été réalisé « en aveugle » par des psychologues chercheurs en amont de l’inclusion dans la recherche, et au bout d’une année d’expérimentation.

b) Résultats

Les résultats ont été identiques quelles que soient les écoles et les catégories sociales des enfants. (Ce constat porte sur la tranche d’âge des 4-6 ans, ce qui ne veut évidemment pas dire que des différences liées aux catégories sociales n’apparaissent pas ultérieurement.)

Trois différences significatives apparaissent entre septembre 2007 et juin 2008 selon que les enfants ont bénéficié du J3F ou pas :

Le J3F favorise le changement de posture identificatoire.

Le J3F favorise tout particulièrement l’évolution des enfants identifiés à des postures « d’agresseurs » ou de « victimes », moins celle des enfants adoptant des postures de tiers.

Le J3F favorise la posture d’évitement de l’affrontement et le recours à un adulte comme régulateur des conflits.

Ces résultats quantitatifs ont été confirmés par une appréciation qualitative de la part des enseignants, qui ont remarqué « un meilleur climat de classe » chez les enfants ayant bénéficié du J3F, une meilleure entente dans les activités nécessitant une auto organisation – comme l’utilisation des vélos disponibles dans la cour – et la réapparition de « jeux de faire semblant », comme le jeu de la marchande ou celui de la maîtresse, dans des établissements où ils avaient disparu.

2010 : l’élargissement à l’éducation spécialisée et aux collèges

A partir de cette expérimentation positive, le J3F a été développé dans des classes de maternelle, à la fois dans l’Education Nationale et dans l’enseignement privé, et également en Belgique. Des écoles élémentaires ont aussi souhaité l’introduire, et plus récemment des collèges, avec évidemment une adaptation du protocole aux adolescents.

En 2012, une demande a été formulée par la mission « Besoins éducatifs particuliers » de l’enseignement catholique pour introduire le J3F dans des classes spécialisées d’écoles primaires et de collèges (CLIS et ULIS), auprès d’élèves présentant des handicaps divers appartenant au champ des troubles du développement, des apprentissages, et des troubles du spectre autistique. Ce fut l’occasion de réfléchir à l’adaptation de ce dispositif aux élèves concernés, et d’en observer les effets, avant d’envisager son introduction en hôpital de jour pour enfants.

Enfin, dans la mesure où la question de l’empathie occupe une place centrale chez les enfants atteints de troubles du spectre autistique, il nous a paru intéressant d’étudier son application à cette population spécifique, tout d’abord en milieu scolaire dans des classes spécialisées, puis dans un hôpital de jour pour enfants présentant un TSA, l’Hôpital de Jour pour Enfants André Boulloche (Association CEREP-PHYMENTIN, Paris). Les résultats qualitatifs montrent que cette activité a des effets très positifs. Ces résultats encouragent le développement de cette pratique et son évaluation quantitative.